vendredi 28 novembre 2008

08-11-18 Maroc


À 14h55 précises, notre vol de Ryanair à destination d'Agadir s'élançait sur le tarmac de l'aéroport de Marseille-provence. 2 heures plus tard, nous nous posions sur celui d'Agadir, sur la cote Atlantique du Maroc. Il y faisait un soleil radieux et la douceur de la température contrastait avec la fraicheur que nous avions laissé peu de temps auparavant.

Le passage des douanes fut une formalité. Les bagages en main, nous avons récupéré nos 2 voitures de location et avons mis le cap sur Tiznit. Les chambres avaient été réservées dans une maison d'hôtes. C'est alors que j'ai réalisé qu'il y avait bien longtemps que je n'avais pas partagé la chambre de mes parents! Le soir, nous sommes allés prendre notre premier repas en terres marocaines. Ce fut poulet grillé et frites. Pas très exotique pour commencer, mais c'était là tout ce qu'il restait à manger dans le restaurant que nous avons trouvé ouvert!

Le lendemain matin, direction la cote Atlantique. Et puisque lors de notre arrivée nous avons roulé de nuit, ce fut également notre premier contact avec les paysages marocains. En quittant la ville, nous nous sommes immédiatement retrouvés en plein désert de cailloux avec quelques reliefs en toile de fond. Nous avons fait une pause à Aglou-Plage pour aller voir des maisons de pêcheurs troglodytes. Puis nous avons longé la cote en direction sud. Un autre arrêt nous permit de nous dégourdir les jambes sur une immense plage au bout de laquelle se trouvait une falaise trouée. Nous aurions aussi bien pu nous trouver à Étretat ou bien à Percé. Ensuite, les estomacs se manifestant, nous nous sommes rendus jusqu'à Sidi Ifni où nous avons visité le petit marché au poisson avant d'en manger du grillé sur une terrasse ensoleillée. L'heure étant déjà bien avancée, la route de l'après-midi vers la palmeraie d’Ait-Bekkou fut terminée de nuit. C'est dans le noir (et non sans quelques difficultés!) que nous avons finalement trouvé le gite dans lequel nous allions passer nos 3 prochaines nuits: « la maison saharaouie ». Cette maison marocaine typique, tenue par une femme, sa fille et une employée fait partie du « réseau paysan ». Elle est située au beau milieu d'une palmeraie et est constituée de bâtiments en terre entourant 2 cours intérieures. Les chambres y étaient fort agréables et très confortables, tout comme l'accueil. La tagine au légumes du soir dans le salon traditionnel fut délicieuse et la séance de thé qui s'ensuivit tout aussi délectable.

Le lendemain matin, Yahyah (le factotum de la maison) nous emmena visiter la palmeraie pour nous en expliquer le fonctionnement. Cette palmeraie fait 8 km de long par 2 km ½ de large. 3500 personnes y vivent en y exploitant leur parcelle de terre. On y cultive du mais, de l'orge, des fourrages pour les animaux, des légumes ou bien encore les palmiers dattiers qui y son très nombreux. La palmeraie est parcourue dans son ensemble par un système d'irrigation. Chaque parcelle est ainsi arrosée chaque 17 jours, ce qui demande un bon calcul pour ne pas manquer cette journée si importante dans la culture de sa parcelle. Quelques occidentaux se sont également fait construire (ou sont en train de se faire construire) une maison dans cet environnement si propice au repos. Cependant, à la vue de la distance à parcourir pour accéder au moindre service (épicerie, services publics, etc.), j'espère que ces personnes ont également une auto, beaucoup de livres à lire et un sens aiguisé de l'autonomie! Par la suite, nous sommes allés en auto jusqu'au point où l'eau de l'oued (rivière) est captée et dirigée dans des canaux afin de l'acheminer jusqu'à la palmeraie. Puis nous avons pris une piste à travers l'immense désert constituant la plaine pour rejoindre la source à proprement parler. La source est une source d'eau chaude ferrugineuse. Et après avoir mangé quelques boites de thon et de sardines avec un peu de pain dans un petit casse-croute de village, nous sommes rentrés à la maison d'hôtes. En fin d'après-midi, le hammam (chauffé au bois) avait été mis en marche pour nous. Je n'insisterai donc pas sur le bien être que nous avons ressenti après être passés dans cet endroit des plus relaxants. Le soir, nous avons eu droit à une excellent poulet au citron, ce qui compléta parfaitement cette journée marocaine.

Le lendemain matin, nous avons été visiter une médina (grande maison familiale) de la palmeraie dans laquelle étaient accumulés une multitude d'objets plus ou moins antiques retraçant l'évolution des marocains nomades: le caravaniers. Ensuite, nous sommes allés dans un village ou se trouvaient des sources d'eau chaude. Hommes et femmes: chacun leurs bains, à environ 50 mètres de distance l'un de l'autre. On est jamais trop prévoyants! Un bain dans l’eau à 36 degrés et un casse-croute plus tard, nous mettions les voiles pour Sbouya ou se trouve « Aknari », une entreprise communautaire gérée par des femmes dont l'activité principale est la transformation des figues de barbarie en plusieurs produits finis. La route sinueuse se faufilait entre les montagnes. Et partout, jusqu'au sommet parfois, on pouvait observer des plants de figues de barbarie. Des quantités phénoménales de cette plante généralement méconnue. Dans la petite usine, nous avons découvert des produits plutôt exotiques: de la confiture de figues de barbarie, des tranches de « raquettes » (grandes feuilles de la plante) en saumure, et surtout de l'huile de graines de figues de barbarie. Pour ce dernier produit, sachez qu'il faut 900 kg de figues pour obtenir 30 kg de graines qui, une fois pressées, ne donneront qu'un petit litre d'huile aux vertus apparemment merveilleuses (douceur de la peau, remède contre différentes pathologies, etc.). Et à la vue du travail que nécessite l'obtention de cette huile, il n'est pas étonnant d'apprendre qu'elle se vend 1000 euros le litre (soit environ 1600$ cad)... Fans de l'huile d'aragne, attachez votre tuque: l'huile de graines de figues de barbarie débarque! Le soir, retour une fois de plus dans notre palmeraie. Et puisque nous étions vendredi, nous allions ce soir avoir la chance de manger un vrai couscous marocain préparé par Aicha, la cuisinière. Le résultat fut évidemment à la hauteur des attentes (t'en fais pas Annette, le tien est tout aussi bon!).

Le lendemain matin, il était convenu que nous partions avec nos hôtes jusqu'à Guelmim pour le grand souk (marché) du samedi. Nous y prendrions également notre petit déjeuner. Ce dernier fut pris sous la tente avec les marocains et fut constitué de sardines farcies, d'olives noires, d'œufs à la poêle, de gâteau et de pain marocain, le tout accompagné de thé ou café. Une fois rassasiés, nous avons visité le marché aux bestiaux (moutons, chèvres, vaches, dromadaires), les étals de viande puis le marché des fruits et légumes. La matinée étant déjà bien avancée, il était temps pour nous de remonter en voiture et de partir pour Tefraoute. La route fut absolument merveilleuse avec l'ascension de plusieurs cols, la traversée de vallées admirablement cultivées, la vue de panoramas grandioses, et surtout les gorges d’Aït Mansour, avec leurs falaises abruptes, leurs palmeraies et leur oued asséché serpentant au fond. Une fois de plus, ce n'est qu'à la tombée de la nuit que nous avons rejoint notre destination, « la maison traditionnelle » à Tefraoute. Après un apéritif pris sur la terrasse perchée sur le toit, nous sommes passés au salon ou on nous a servi une excellente tagine au poulet. La soirée fut complétée par une partie de belotte Marius-Claire contre Aimé-Jojo. Égalité une manche partout. Vivement la belle!

Le dimanche matin, je me suis réveillé avant tout le monde. Notre gîte était adossé à une immense paroi rocheuse et surplombait un petit village de maisons en pierre. Le soleil se leva alors paisiblement et se mit à illuminer une à une les falaises entourant la vallée. Quel spectacle magique pour accompagner un petit déjeuner en famille! Puis nous sommes repartis. Au nord cette fois-ci. Direction: Essaouira, à 320 km d'ici. Sur la route, nous nous sommes arrêtés pour visiter un magnifique ksar (fortification dans laquelle vivent plusieurs familles) parfaitement restauré dans les règles de l'art. Puis la route de remit à sinuer le long d'abruptes parois de granit. La végétation se remplit alors d'arganiers, arbres donnant les aragnes dont on extrait l'huile du même nom et qui est tant à la mode par les temps qui courent. Un arrêt dans une entreprise de transformation de l'aragne fut alors inévitable. Et c'est en fin d'après-midi, après le coucher du soleil (décidément !), que nous sommes arrivés à Essaouira. La vieille partie de cette ancienne colonie espagnole est constituée d'une ville fortifiée et d'un port dont la flotte est particulièrement active dans la pêche de l'anchois et de la sardine.

Lundi matin, nous avons pris notre petit déjeuner et avons été nous promener dans les étroites ruelles de la vieille ville. Des marchands de souvenirs, bien évidemment. Mais également des étals de viande. Des vendeurs de fruits et légumes. Une petite place regroupant les marchands de poisson. Des vendeurs de volailles à qui vous achetez votre poulet sur pattes et qui le préparent sous vos yeux (pesé, égorgé, plumé, vidé, découpé et emballé!). Puis nous nous sommes dirigés vers le port, avec ses dizaines de barques bleu indigo amarrées les unes aux autres, ses chalutiers déchargeant leur précieuse cargaison sous le regard intéressé des acheteurs ou dubitatif des badauds, ces bateaux en construction et aux coques multicolores... un port débordant de vie quoi! Les estomacs se trouvant un peu dégarnis, nous avons regagné une série de petits restaurants en avant desquels s'étalaient les prises du jour sur lit de glace. On choisit ses poissons, on nous les pèse et on nous donne un prix. Si les 2 parties s'entendent, alors on vous prépare vos poissons sur un petit barbecue aux charbons ardents et on vous les sert dans les instants qui suivent, presque encore frétillants tellement ils sont frais. Pour nous, ce fut crevettes et sardines en entrée puis rouget, cépions (petites sèches) et saint-pierre en guise de plat de résistance. Un pur régal qui n'avait que l'abondance pour égaler la fraicheur. L'après-midi, ce fut quartier libre. Pour moi, ce fut « flanage » dans la vieille ville, un peu d'ordinateur pour régler quelque affaires qui trainaient puis retour sur les rempart faisant face à l'Atlantique pour admirer le coucher de soleil. Je ne me lasse pas de m'allonger et de regarder cet astre d'une brillance si intense rougir, descendre jusqu'à la ligne d'horizon puis s'enfoncer dans une mer un peu perturbée par un coup de vent. Puis je me suis mis en route pour l'hôtel ou mes comparses hommes m'attendaient pour aller au hammam. Il ne fallut pas plus de 10 minutes avant que nous pénétrions dans un petit couloir sombre, presque glauque. Au fond, on débouchait sur des hommes assis sur notre droite qui étaient en train de s'asperger d'eau et des hommes sur notre gauche qui étaient assis sur les bancs de ce qui semblait servir de vestiaire. Au milieu, un homme derrière un comptoir tout aussi vieux que lui. Il nous indiqua de nous changer du coté du vestiaire. « Massage? ». Oui, bien sur. On nous a alors fait passer par une petite porte bleue qui donnait dans une pièce voutée, au sol en terrazzo et aux murs carrelés. Il y faisait chaud et très humide. Mais cette pièce était suivie d'une seconde, puis d'une troisième, chacune plus chaude que la précédente. Dans la dernière, il faisait 36 degrés avec un taux d'humidité avoisinant les 100%. Dans chaque salle, des hommes se versaient de l'eau chaude sur le corps, étaient étendus immobiles sur le sol chaud ou bien encore faisaient des étirements et des assouplissements après s'être fait masser. On aurait pu se croire dans l'antichambre de gladiateurs avant leur entrée dans l'arène. On nous a alors assis tous les 5 sur un banc en carrelage, histoire de nous faire monter en température. Puis un homme tout aussi transpirant que nous en fit allonger par terre 2 d'entre nous. Sur le dos, pour abaisser les tensions musculaires et détendre d'autant les muscles en vue de leur pétrissage. Chacun des 2 acolytes se trouva alors dans les mains des masseurs qui leur firent faire quelques étirements. Puis les masseurs prirent des gants genre « scotch-brite » et commencèrent à leur frotter le corps de façon plutôt énergique. Par la suite, ils leur appliquèrent une huile sur le corps et réitérèrent le « sablage ». Et pour finir, ils les rincèrent au godet avec une eau bien chaude. Ce fut là une expérience inoubliable, tant par les bienfaits de l'exercice que par l'ambiance qui régnait dans cet endroit genre « caveau souterrain » ou « crypte squattée par de glauques personnages ». En sortant, nous avons rejoint l'hôtel, un peu épuisés. Nous y avons retrouvé les femmes pour prendre l'apéritif. Puis nous sommes allés manger à l'extérieur, chacun de nous 8 optant pour un plat léger à base de légumes. Au retour à la chambre, il était temps pour moi de pitonner un peu sur notre séjour au Maroc avant d'oublier car demain, nous reprenons l'avion pour Marseille... déjà.

Le lendemain matin, nous avons pris quelques instants pour aller faire les achats de dernière minute puis sommes montés en auto pour nous diriger vers Agadir où notre avion décollait en fin d’après-midi. En route, nous avons fait un pause au bord de l’Atlantique où une immense dune de sable se dressait au milieu d’un paysage de roche et de champs cultivés. Une autre pause fut faite à Tamri pour nous restaurer en mangeant une des meilleures tagines à vie. Et vers 15h00, nous entrions à l’aéroport d’Agadir pour prendre notre vol de retour. Chanceux, c’est avec 30 minutes d’avance que nous avons atterri une nouvelle fois à Marseille-provence. Et dans quelques jours, le 4 décembre, c’est de ce même aéroport que nous repartirons vers l’Inde pour continuer notre voyage.

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2008-11-07 De Pushkar à...


Lorsque nous avons mis notre dernier post en ligne, c'était il y a tout juste 2 semaines. Nous quittions alors Pushkar et sa foire aux chameaux pour... une nouvelle destination. Cependant, puisqu'il s'agissait d'une surprise, nous avions tenu cette « prochaine destination » secrète, contrairement à ce que nous avions fait jusqu'à date. Vous comprendrez donc plus bas la raison pour laquelle nous sommes restés muets au cours des 2 dernières semaines, et espérons que vous ne nous en tiendrez pas rigueur en restant fidèles à notre blog.

Le 7 novembre, nous nous sommes levés de bonne heure et avons pris le bus de 8h00 pour Ajmer. De là, nous sommes partis pour 9 heures de bus en direction de Delhi, la capitale de l'Inde. Une fois rendus au terminus du centre-ville, nous reprendrons un 3e bus pour rejoindre l'aéroport. Alors à Ajmer, nous avons sauté dans un bus local, comme d'habitude. Avec ses excès de tout, sauf de confort. La route fut sans trop d'embuches. Mais disons qu'à une vitesse moyenne de 40 km/h, la distance ne baisse pas vite entre 2 panneaux indiquant la distance qu'il vous reste à parcourir avant votre destination. Cependant, plus nous approchions de Delhi et plus l'activité augmentait, comme généralement autour d'une capitale, et cela nous donnait des choses à regarder. Au panneau indiquant 65km, un phénomène étonnant se produisit. En quelques instants, nous sommes entrés dans une sorte de brouillard dense et sombre. Alors que quelques minutes auparavant le soleil brillait haut dans un ciel d'un bleu immaculé, celui-ci s'estompa derrière cette brume soudaine qui ne nous permettait plus de voir au delà de 200 mètres. Aucune raison ne pouvait expliquer cette dernière hormis la pollution. Il s'agissait là du smog de Delhi. Plus de 65 km avant d'y arriver. Le soleil devint rouge puis disparut totalement. Triste mégalopole moderne dans laquelle 13 millions d'âmes se tassent dans une atmosphère aussi catastrophiquement polluée. Mais nous ne resterons pas là longtemps. Le préposé aux billets de l’autobus nous demande si nous allons à l'aéroport. Devant notre réponse affirmative, il nous montre à travers le brouillard des lumières alignées de l'autre coté de l'autoroute. C'est l'aéroport international. Notre destination finale pour aujourd’hui. L’entrée de l’aéroport se situe 3 km plus loin en prenant une autre autoroute qui part sur notre gauche. Le préposé nous propose alors de nous faire descendre là, sur le bord de l'autoroute, et que nous prenions un rickshaw plutôt que de nous amener en centre-ville où nous devrons prendre un autre bus pour revenir au même endroit. Cela nous ferait éviter le trafic qui est pathétiquement dense à Delhi et ainsi épargner 2 heures de supplice à nos fessiers déjà passablement éprouvés. Dans notre tète s'entrechoquèrent 2 théories: pas sécuritaire de se faire débarquer sur le bord d'une autoroute indienne en pleine nuit sans savoir où on se trouve et rejoindre la destination initialement prévue (le terminus en centre-ville) ou bien écouter les locaux qui nous ont toujours bien conseillé depuis notre arrivée. 5 secondes suffirent pour que nous prenions la 2e option! Sitôt dit, sitôt fait. Il nous fit signe de ramasser nos sacs (ce qui n'était pas une mince affaire à la vue du bordel qui régnait dans le bus!) et nous mit en ligne en avant de la porte latérale du bus. Il siffla. Le bus de mit sur le coté de l'autoroute et s'arrêta. La porte s'ouvrit. Nous avons sauté et nos sacs ont suivi. Presque instantanément, la porte s'est refermée et le bus est reparti. Aussi vite qu'il s'était arrêté. Nous étions alors là, tous les 2, au beau milieu d'un terre-plein entourés de 2 autoroutes, avec nos sacs par terre. Tout confiants, nous avons mis nos sacs sur nos épaules et avons entrepris de traverser les voies qui nous séparaient de l'autre coté. Un agent de la circulation est alors venu à notre rencontre et arrêta net la circulation pour que nous traversions. En nous voyant et flairant la bonne affaire, 2 rickshaw s'étaient déjà rangés sur le coté pour nous proposer leurs services. Cependant, nous proposant des prix ahurissants, nous avons décidé de rejoindre l'aéroport à pied, en marchant le long de l'autoroute. Quelques minutes plus tard, un bus s'immobilisa au milieu de la route et attendit que nous arrivions à sa hauteur pour nous proposer de monter à bord. Il s'agissait d'un autobus assurant le transport du personnel travaillant sur le chantier du nouvel aéroport. 3 employés y prenaient place. Après quelques minutes, le chauffeur s’arrêta de nouveau et nous déposa gracieusement à quelques dizaines de mètres de l'entrée. Nous sommes finalement arrivés à destination avec 3 heures d'avance sur l'horaire planifié. SUPER. Après avoir mangé un morceau à la cafétéria de l'aéroport, nous sommes alors entrés dans l'aérogare principal pour enregistrer nos bagages. Direction: le comptoir d'Air France. Notre vol décollait dans 3 heures. Destination finale: Marseille, France. Eh oui. Marseille. Nous vous avions mis en garde que notre itinéraire était malléable et que nous l'adapterions au gré des événements et de nos envies. Or il se trouve que quelques semaines auparavant, lors d'un appel à mes parents, ma mère m'annonçait qu'ils fêteraient la retraite de mon père le 14 novembre. 2 jours après son 60e anniversaire. Et qu'ils recevraient famille, amis et collègues de travail pour une dernière fin de semaine de grandes festivités dans cette auberge de jeunesse de Sète ou j'ai passé 23 ans de ma vie. Nous ne pouvions être absents lors de cet événement. Alors nous avons décidé la semaine dernière d'y assister. D'où notre départ cette nuit pour le sud de la France. Mais c'était une surprise. Personne n'était au courant de la décision. Personne sauf l'oncle de Sylvie qui venait nous chercher à Marseille.

Le vol décolla à 1h30 du matin. 8 heures plus tard, nous atterrissions pour une courte escale à Paris. Un changement d'avion et nous voilà parti plein sud. À 8h45, après un magnifique survol nord-sud de la France et une vue imprenable sur les sommets enneigés des Alpes, nous avons fait une grande boucle sur la rade de Marseille et avons posé les roues sur le tarmac provençal à 8h45. Ce ne fut pas long avant que nous retrouvions notre complice dans le hall des arrivées (merci Daniel). France, nous revoilà!

La première surprise fut pour la tante à Sylvie lorsque nous sommes entrés à l'improviste après Daniel. Après avoir repris ses émotions, nous avons planifié le guet-apens pour la mère à Sylvie. Finalement, la tante lui demanda de passer pour aller faire des courses ensemble. Puisqu'elles restent proche l'une de l'autre, il ne fallu que 15 minutes avant qu'elle n'arrive à la maison. Et lorsqu'elle entra, ce fut... une grande surprise, bien évidemment. Et comble du hasard, elles venait de poser 1 semaine de congés pour la semaine à venir. Nous allions donc pouvoir passer du temps en son agréable compagnie. Les jours suivants furent consacrés au repos et à la visite de la famille de Sylvie... toujours en faisant la surprise à chacun d'entre eux.

Le 13 novembre, mon père avait 60 ans. Je me devais donc d'être là en ce jour si important, surtout en sachant qu'il est accompagné d'un départ en retraite. Pour ne pas perdre les bonnes habitudes, nous nous sommes levés à 5h30 et Sylvie m'a emmené à la gare de Marseille. J'y ai pris le train de 7h10 pour Sète. À la gare, une petite mésaventure donna un goût amer à ce retour en terres sétoises. Comme bien des personnes, je voulais prendre un taxi pour rejoindre la maison de mes parents. Je me dirige vers le seul disponible. Le chauffeur, très décontracté, est avachi sur son siège. Sa porte est ouverte et il lit son journal, une cigarette au bec. Je fais le tour de la voiture et lui demande s'il peut me conduire à l'adresse voulue et si je peux monter en avant. Il me marmonne que oui et débarrasse le siège passager de ses effets personnels qui trainent. Nous nous mettons en route. Le compteur étant arrêté, je lui demande s'il pourrait le mettre en marche. Il me rétorque que c'est un forfait. Le prix? 7 euros (environ 11$), ce qui me semble beaucoup en considérant que mes parents habitent à moins de 5 minutes de la gare. Et les affaires étant les affaires, je lui réitère que j'apprécierais qu'il mette le compteur en marche. C'est alors qu'il me lança qu'il n'était « pas question de s'embêter avec ça, que ça suffisait et qu'il me raccompagnait à la gare. Je n'avais qu'à prendre le bus ». Wow. Chapeau le service. Je me doute bien que le déranger dans la lecture de la page sport du Midi-Libre ne devait pas faire son affaire. Mais en plus lui demander de mettre le compteur (et donc l'obliger de déclarer son revenu et évidemment payer ses impôts dessus!) ne devait pas faire son affaire. Désolé Monsieur, mais des t...s du c.l de votre genre, ça n'a rien à faire dans des emplois comme ça, et il est hors de question que je cautionne votre manque de savoir vivre et votre escroquerie. Surtout que vous devez faire partie de ces innocents qui passent leur journée à vomir sur celles et ceux qui abusent du système social ou qui ne payent pas leurs cotisations, et bien entendu à critiquer en permanence le manque de services publics qui se payent… grâce à des impôts que vous ne payez pas. J'ai donc pris le bus qui attendait en avant de la gare et suis descendu quelques minutes plus loin, à 300 mètres de ma destination finale. En approchant de la maison, mon cœur battait de plus en plu fort. Devant la porte, j'ai sonné en prenant bien soin de me cacher de la caméra de l'interphone. Mais personne n'a répondu. Puisqu'il faut toujours un plan B, j'ai profité de l'occasion pour aller prendre une petit café avec Jo et Marie qui habitent tout proche. Jo a été le cuisinier de l'auberge de jeunesse durant 17 ans. Pour nous, c'est notre « Papy Jo », car il fait presque partie de la famille. Pour tous les 2, ce fut également une surprise de taille, d'autant plus que quelques jours auparavant, Jo avait croisé ma mère qui lui avait fait part de notre voyage et lui expliquait qu'actuellement, nous étions en Inde, etc. Après un petit café fort apprécié, j'ai appelé mon père via Skype pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, et essayer de savoir quand il serait de retour à la maison! L'appel fut apprécié et il m'expliqua qu'il était en train de finir les courses pour le lendemain soir. Il était sur le stationnement d’un hypermarché. Puisque le magasin en question est proche de la maison, il ne leur faudrait pas plus de 10 minutes pour être de retour. Il ne me fallut guère plus de temps pour rejoindre de nouveau l'interphone. Devant le silence de son interlocuteur inconnu, ma mère prit les clés pour venir voir qui était là. « Un colis pour M. Berger » je me suis exprimé, un accent du sud dans la voix. Les clés sonnaient en arrière de la porte métallique. Elles entrèrent dans le barillet. Un tour. 2 tours. Et la porte s'ouvrit. « Bonjour petite mère » je me suis écrié. Évidemment, j'ai eu droit à des « Marius? Marius? », à des pleurs, à des « c'est pas vrai! » et à nombre d'autres expressions de surprise que seule une mère peut exprimer... Mon père était dans la maison. Un peu groguie, ma mère m'y introduisit et demanda à mon père de venir voir qui était là. Mis à part les pleurs, j'ai eu droit à sensiblement les mêmes réactions de sa part. Quant à moi, ma plus grande surprise fut de réaliser que son anniversaire n'était pas le 13... mais le 12 novembre!

Après la surprise, nous avons pris le temps de nous assoir et de jaser de tout et de rien, mais surtout du voyage. Plus tard, mon frère arriva et eut lui aussi la surprise de me voir dans le canapé. Le reste de la journée fut tranquille. Le soir, mon frère nous invita à aller manger à l'excellent restaurant du Casino de Balaruc. Un bon moment en famille.

Le lendemain, le réveil amorçait une journée de préparation et de festivités. En après-midi, Sylvie et sa mère nous rejoignirent à l'auberge. Le soir, après être allés nous changer, les invités arrivèrent en grand nombre. En tout, plus de 150 personnes sont venues célébrer les 60 ans de mon père et lui souhaiter une excellente retraite. De la famille en grand nombre (merci tous les Berger d'avoir répondu présent). Des amis de longue date. Des collègues de travail. Des anciens employés (merci Lolo pour ton aller/retour depuis Nancy). Des partenaires professionnels. Des personnes croisées au cours de tant d'années d'auberge. Et pour une dernière fois, nous avions la chance de dormir à l'auberge et d'accueillir pour la fin de semaine famille et amis venus de loin. Alors la soirée s'est poursuivie jusqu'aux petites heures du matin. À 5h30, comblés mais repus, il était temps d'aller dormir.

Le lendemain matin, nous nous sommes retrouvés une trentaine pour déjeuner dans le restaurant de l'auberge, à siroter notre café les yeux rivés sur cette vue imprenable qui s'étend de l'étang de Thau jusqu'à la Mer Méditerranée en passant par la ville de Sète et ses canaux sana fin. Cette même vue qui a suivi chacun de mes réveils pendant plus de 23 ans. Il était donc temps de s'en mettre « plein la vue » et de profiter une dernière fois de la magie du spectacle qui s'étendait sous nos yeux. À midi, plusieurs de la veille sont revenus pour nous aider à « finir les restes » et déguster quelques kilos d'huitres et de moules sur la terrasse de l'auberge. En fin de journée, après d'émouvants adieux à cette auberge de jeunesse qui a bercé la majeure partie de ma vie, c'est à la maison de mes parents que nous sommes allés prendre un repas en nombre plus restreint. Une page s'est tournée. Et une nouvelle s'offre à la lecture.

Pour ma mère, la prochaine activité était de partir mardi pour rejoindre ses frères et sœurs à Marseille. De là, ils prenaient un vol pour Agadir, au Maroc. Ils partaient y passer une semaine à la découverte de ce beau pays.

De notre bord, il nous fallait planifier nos prochains jours en France (nous y serons jusqu'au 4 décembre). Nous avons alors décidé de nous joindre au groupe qui partait au Maroc, en y emmenant mon père pour son anniversaire. Quelques clics de souris plus tard et les billets étaient réservés. Départ mardi à 14h55.

Lundi matin, Sylvie eut une petite faiblesse. Elle passa la journée au lit. Pendant ce temps, j'en ai profité pour mettre en ligne l'ensemble des photos du voyage ainsi que quelques vidéos. Le soir, puisque l'état de santé de ma douce ne s'améliorait pas, nous avons du appeler le docteur qui s'est déplacé jusqu'à la maison (merci Pierre-Yves). À vrai dire, cela m'a rappelé à quel point un médecin de famille qui se déplace peut désengorger un système de santé! Cependant, pour être plus pragmatique, nous avons eu un diagnostique peu agréable à entendre. Devant l'état de santé de Sylvie (et particulièrement devant son besoin de repos), le médecin lui a déconseillé de partir au Maroc (afin d'éviter toute éventuelle complication en terrain moins propice à une dispensation rapide de soins). Devant cette « tuile », nous avons du réaligner nos flutes. La décision prise fut que demain mardi, nous partirions tous les 4 à Marseille (mes parents et nous 2), mais que nous laisserions Sylvie auprès de sa mère. Ainsi, elles sera « au vert » et pourra reprendre des forces. Quant à moi, je partirai avec la famille pour une semaine au Maroc. C'est plate, mais c'est un choix responsable et de raison. Chapeau ma belle pour cette décision!

Le mardi matin, nous avons fermé nos sacs à dos, avons chargé la voiture et avons pris la route de Marseille. À midi, après avoir fait quelques courses, nous arrivions chez la mère à Sylvie qui nous rejoignit sur l'heure du déjeuner (diner pour les québécois). Mais pour nous 3, il était déjà temps de nous mettre en route pour l'aéroport ou nous avons retrouvé 3 oncles et 2 tantes. La famille allait alors décoller pour Agadir.

À suivre...

mercredi 26 novembre 2008

08-11-24 Un calendrier pour Kufunda / A calendar for Kufunda


Nous sommes heureux de vous annoncer que le calendrier Kufunda 2009 auquel nous avons collaboré est désormais sous presse.
Petit retour en arrière : en septembre, nous étions au Zimbabwe.
Nous avons passé deux semaines au sein de la communauté de Kufunda. Outre le fait de vivre au rythme du village et de découvrir son mode de fonctionnement, un de nos objectifs était de contribuer à la réalisation du calendrier annuel de l’association. Avec quelque 1 000 photos prises, de longues heures de discussion et de partage avec Admire, Allan, Anna, David, Patricia, Ticha, … Egalement, le plaisir d’assister aux chants et activités de la classe de l’école maternelle, nous avons trouvé toute la matière pour composer le calendrier proposé cette année ! Si vous souhaitez découvrir un peu des kufundees tout en leur offrant un soutien financier, alors commandez votre ou vos calendriers dès maintenant (12 euros ou 15 $CAD incluant les frais postaux d'envoi)! A offrir sans modération, à vos amis, votre famille, vos voisins, vos collègues de travail… ou à passer le mot.
En attendant, je vous invite à découvrir quelques vidéos tournées au mois de septembre dernier :
www.youtube.com/kufunda
Pour les détails pratico pratiques liés à l’achat du calendrier, envoyez-nous un courriel et nous conviendrons des dispositions.
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We are delighted to announce that the 2009 Kufunda calendar to which we contributed is now under printing.

Quick flashback: In September, we were in Zimbabwe.
We spent two weeks with Kufunda community. We lived the day-to-day way of life and discovered how the village was working. One of our objectives was to contribute to the production of the annual calendar of the association.With about 1000 shot pictures, hours of conversation and sharing with Admire, Allan, Anna, David, Patricia, Ticha, … and the pleasure of assisting to the songs and activities of the preschool classroom, we had enough material to elaborate the calendar of this year.If you wish to discover a bit of the kufundees along with offering them your financial support (12 euros or 15 $CAD including shipping fees), then order your calendar(s) right now! Offer them to your friends, your family, your neighbours, your coworkers,... or tell them about this initiative.
For the moment, I invite you to discover short videos recorded in September:
www.youtube.com/kufunda
As per the pragmatic details about buying the calendar, send us an email and we will arrange everything.

lundi 10 novembre 2008

2008-11-05 Pushkar


Nous avons eu une certaine difficulté à trouver un rickshaw qui accepte de nous conduire jusqu'à la gare de bus pour un prix raisonnable (petit truc: toujours demander à l'hotelier le prix d'une course jusqu'à votre destination, ce qui vous donnera une excellente idée du prix à payer et vous éviter de vous faire rouler par un chauffeur trop ambitieux!), car tous ceux se stationnant autour des hotels pratiquent bien évidemment les prix « touristes ». Pas grave. Nous avons pris nos sacs à dos et fait quelques centaines de mètres ou un chauffeur a acquiescé au prix que nous lui proposions. 10 minutes après, nous étions dans la gare de bus. Nos billets une fois achetés, il ne fallu pas plus de 15 minutes avant que le bus ne s'ébranle. Cependant, celui-ci étant complet et ne disposant ni de soute ni de rack de toit, c'est un sac à dos sous nos pieds (ce qui nous empechait de déplier les jambres!) et un autre de 20kg sur nos genoux que nous avons passé les 2h30 du trajet. À vrai dire, pas très confortable.

2h30 plus tard, Ajmer (ou nous devions transiter) était en vue. Dans la gare de bus, achat des billets et embarquement dans le prochain bus pour Pushkar (départ toutes les 30 minutes et 30 minutes de trajet). Là, une personne qui attend le meme bus nous préconise de monter immédiatement dans le bus dès que celui-ci se gare sur son quai. Quand locaux disent, voyageur fait. Nous nous sommes alors exaucés, et avons très rapidement compris la raison de cette suggestion. En effet, comme des abeilles sur une ruche, des dizaines de personnes se sont précipitées pour entrer dans le meme bus que nous. C'était donc pour que nous ayons une bonne place et que nous puissions avoir un peu d'espace pour nos sacs à dos que la personne nous avait suggéré de monter immédiatement. Merci Monsieur. Alors que le bus était plein, nous nous sommes mis en route. Sur le chemin, puisque les normes de remplissage en Inde sont très différentes de celles prtaiquées en Occident, nous avons ramassé nombre de personnes qui s'agglutinaient alors en arrière de nous. Je pense qu'on ne s'habitue jamais à cette vision d'entassement d'autant de personnes dans un espace aussi restreint.

Une petit route en épingles (que nous avons du monter en première vitesse!) nous mena jusqu'à un petit col qui nous fit découvrir une vallée merveilleuse et vaste: la vallée de Puskar. La descente le long des parapets fut parfois impressionnante. Quelques minutes plus tard, nous étions arrivés. Et là, c'est une cohue innommable qui nous accueillit. Dès que l'autobus s'immobilisa, une foule de présenta devant la petite porte permettant d'y monter. Il était évident qu'il y avait en bas de nous plus de personnes que le bus ne pouvait en contenir. Meme aux standards indiens de remplissage! Les personnes se trouvant dans le bus commencèrent à en descendre mais d'autres commençaient à y monter. On passait meme des sacs par les fenetres ouvertes pour se « réserver » une place assise. Sylvie réussit à s'extirper avec un sac à dos. Moi, j'étais encore prisonnier de notre bus. Et évidemment, ce qui devait arriver arriva. Ça a coincé. Des personnes qui montaient et d'autres qui descendaient tellement compactées dans la petit porte que ça ne bougeait plus. Une vraie foire. Alors lorsque je réussis enfin à me présenter dans l'axe de la sortie, les sascs à dos solidement attachés sur mon dos, ainsi armé de mes 25 kilos additionnels, j'ai du me lancer dans la file et peser de tout mon poids pour pouvoir passer. Je me suis alors affalé dans la foule compacte qui se massait en bas, un peu à la manière des chanteurs rock qui se jettent en bas de la scène dans la foule de leurs fans... Évidemment, dès que j'ai atterri, la nuée de rabatteurs pour les hotels du coin est venue me souhaiter la bienvenue. Mais échaudé comme nous l'étions par la situation patthétique que nous venions de traverser, la simple vision de nos visages portant encore les stigmates de la frustration et de la montée de sang que nous venions de vivre suffit à les faire changer d'avis et à nous laisser relativement tranquilles. Quand à ceux qui s'essayèrent quand meme, la fin de non recevoir qu'ils reçurent fut glaciale et sans équivoque!

Finalement, nous sommes arrivés à l'hotel convoité ou on nous offrit à prix d'or la dernière chambre qu'il restait. Il faut savoir que notre présence à Puskar en cette période n'est pas anodine. En effet, au cours des 8 prochains jours se tiendra ici la plus grande foire aux chameaux d'Inde (la 2e plus grande foire animalière du pays). Par conséquent, devant l'affluence exceptionnelle que vit ce village, les prix de n'importe quel bien ou service explosent proportionnellement au nombre de visiteurs qui arpentent les rues. On s'en est tout de meme bien sortis lorsqu'on considère qu'on s'est pointés ici comme un cheuveu sur la soupe, sans rien réserver. Et notre hotel se trouve légèrement en retrait de la bruyante rue principale, ce qui est non négligeable si nous voulons dormir un peu!

Après nous etre déchargés de nos sacs à dos, la nuit tombant, nous nous sommes mis en route et avons suivi la longue rue principale bordée d'échoppes en tous genres. La ville paraissait relativement calme. Au bout de cette route, l'asphalte de changea en terre. Une lourde poussière flottait dans l'air en se melant à mille odeurs diverses et variés. La lumière était moins forte. L'odeur devint plus... animale. À n'en point douter, nous arrivions proche du campement ou chameaux et chameliers passaient la nuit. Plusieurs sortes de guinguettes (attention: pas d'alcool car la ville est sacrée) ou s'alimentaient les chameliers se trouvaient maintenant de part et d'autre du chemin. Tout au bout, nous avons tourné à gauche et marchions maintenant dans le sable. Les projecteurs laissaient entrevoir dans la nuit noire des dizaines de chameaux allongés et leurs propriétaires à coté. Un spectacle melant magie et irréel. Finalement, devant la noirceur de l'endroit, nous avons fait demi-tour. Et après avoir mangé, nous sommes allés sagement nous coucher afin d'etre en forme pour le lendemain. Cependant, toute la nuit et partout dans la ville, des haut-parleurs ont craché sans discontinuer des musiques locales et moins locales. Les bouchons d'oreilles ont donc été de sortie afin de nous permettre de dormir un peu malgré le bruit ambiant.

Levé aux aurores, j'en ai profité pour « pitonner » un peu. Puis j'ai laissé Sylvie dans son duvet pour aller déjeuner dans l'immense jardin de la guesthouse. J'y ai rencontré un français, Jullian, voyageant depuis plus de 7 mois, et sur la route pour encore au moins 1 an 1/2. Sylvie nous a rejoints pour déjeuner et nous sommes finalement partis tous les 3 nous promener. De jour, la plaine dans laquelle s'entassaient les chameliers et leurs betes offrait un spectacle hallucinant. Des milliers de chameaux se trouvaient en avant de nous. De toutes les tailles. De tous les ages. De différentes couleurs. Certains décorés pour les défilés du concours de beauté. Les tontes faisaient également l'objet d'une attention toute particulière, certains chameaux arborant des motifs géométriques tout à fait remarquables. Nous déambulions au milieu de ce marché à ciel ouvert, entre les propriétaires et les animaux. En montant sur une butte, nous avons pu avoir une vision d'ensemble tout à fait saisissante. Encore là, les photos vous permettront de mieux juger l'immensité de la chose.

Sous la chaleur qui nous accablait, nous avons remis le cap vers la guesthouse pour un peu de répit, puis sommes retournés admirer le coucher de soleil sur les hauteurs de la plaine. L'Inde à son meilleur!
Une fois la nuit tombée, nous avons déambulé encore un peu au milieu de ce tumulte incessant puis sommes retournés dans la rue principale faire un peu de shopping, sans grand succès. Un repas modeste pour finir la journée et nous sommes allés reposer nos corps un peu fourbus d'une telle journée car demain sera le départ pour une nouvelle destination.
À suivre...

mardi 4 novembre 2008

08-10-31 Jaisalmer


L'inde est un pays immense, tant par sa population que par sa taille ou bien encore par la diversité de ses paysages. À l'ouest s'étend le Rajhastan, pays des Maharadjas, dont une partie est constituée d'un désert. En son centre se trouve Jaisalmer, dont le château émerge en plein milieu. C'est donc par le bus de 6h30 que nous nous y sommes rendus, accompagnés des 2 français rencontrés la veille.

Le réveil, bien que matinal, s'est finalement bien passé. Le rickshaw nous attendait à la porte à 6h00, comme prévu. Après un peu de gymnastique, nous avons fini par y fair rentrer 5 personnes (avec le chauffeur), nos 4 sacs à dos ainsi que nos 4 daypacks. Cen'est peut-etre pas le record mondial de remplissage d'un rickshaw, mais pour nous, ce fut suffisamment sportif! Arrivés aubus, nous avons pu comprendre la différence entre les bus gouvernnementaux et les bus privés. Les premiers sont des véhicules mus par un moteur, reposant sur 4 roues et dirigés à l'aide d'un volant, tout le reste n'étant visiblement pas nécessaire (sièges dignes de ce nom, amortiseurs, insonirisation, service, etc.). Pour les bus privés par contre, il s'agit d'autobus plus proches de ce que nous avons l'habitude de rencontrer en pays occidentaux. Toujours pas d'air climatisé, certes, mais des sièges nettement plus confortables (toujours agréable pour des trajets de plus de 4 heures!), un taux de remplissage qui n'est pas calqué sur celui d'une bétaillère et un confort de roulement sans comparaison. Cependant, pour ce qui est de la conduite, il semblerait que gouvernemental et privé soient équivalents (bien que le privé aille bien plus vite en ligne droite!). Sur la route, une pause, comme d'habitude. J'en profite pour acheter quelques bananes qui feront office de petit déjeuner. Le bus repart et rejoint Jaisalmer aux environs de 11h30. Un rickshaw pour 4 (maintenant, on sait faire!) et nous arrivons à la guesthouse ciblée (merci le guide du routard). Nous y prenons une chambre pour poser nos bagages et souffler un peu alors que les heures les plus chaudes sont arrivées. Et là, ce fut le début de plusieurs heures durant lesquelles mon estomac fit des siennes. Finalement ce dernier, qui devait avoir quelque chose contre la banane que je lui avais si gentiment offerte en pature quelques heures auparavant, la refusa t la retourna à l'expéditeur... Le reste de la journée ne fut alors que sieste, films et dodo jusqu'au lendemain matin.

Samedi matin, réveil un peu patraque, comme un lendemain de veille (si j'avais su que la banane ça mettait das cet état...). Visite de la forteresse et de la ville de Jaisalmer, aussi appelée Sun City (moins de 19 jours sans soleil par an!). Encore un « city palace » (que nous avons de ne pas visiter) et l'intérieur de la forteresse qui ressemble étonnemment à Carcassone, avec ses ruelles étroites, ses magasins pour touristes et... ses touristes. Des milliers de touristes. Indiens en majorité. Mais français également. Des centaines de trançais. En effet, les français représentent (de loin) la première nationalité étrangère de visiteurs en Inde. À tel point que nombre de vendeurs vous interpellent... en français! L'autre point notable de la vieille ville, c'est la présence de très nombreuses vaches (comme partout ailleurs). Mais dans des ruelles très étroites, ça a 2 inconvénients majeurs: l'espace (quant une vache arrive en face, il n'est pas toujours évident de se tasser!), et les gateaux d'anniversaire comme les appelait si affectueusement un guide indien (comprenez des bouses de vaches). Ce 2e point rend les choses très désagréables lorsque vous marchez dedans, très dangereuses si vous glissez sur un sol en pierre ainsi rendu très glissant, et très nauséabond par les odeurs pestinentielles que cela génère (pensez à toutes les bouses d'un champ de vaches que vous accumuleriez dans les rues de Carcassonne ou de Mont-Tremblant... ça casse inéluctaablement le charme de l'endroit!).

Ces facteurs ajoutés au fait que nous avons déjà vus depuis notre arrivée en Inde plusieurs lieux semblables, nous avons pris le chemin de retour vers notre guesthouse pour aller prendre un verre (un pepsi pour se remettre l'estomac en place) et surtout etre à l'heure pour le départ de notre activité du jour: une promenade en chameau. En effet, à 14h00, nous partions jusqu'au lendemain midi pour aller dormir dans les dunes à dos de chameau.

14h00, le 4x4 est en avant de la porte pour nous conduire dans le désert ou nous attendent nos montures. Un français (Sleeman) et un couple tchèque seront nos compagnons de voyage. 40km plus loin, nous rencontrons pour la première fois ces droles de betes, spécialistes de l'endroit, avec leur capacité à porter de lourdes charges dans cet environnement hostile qu'est le désert tout en pouvant éviter de se ravitailler durant de longues périodes (un chameau peut se passer de boire de 5 à 7 jours). Les connaissances rapidement faites, nos 3 accompagnateurs nous font prendre place sur les betes et nous expérimentons pour la première fois le levé en 3 étapes du chameau. Tout aussi exotique qu'impressionnant. Nous nous sommes alors mis en route, en convoi, telles les caravanes qu'on voyait avec une certaine admiration dans « Tintin et le crabe aux pinces d'or », notre chamelier ouvrant la voie sur sa monture et nos 2 autres accompagnateurs nous suivant assidument à pied (!).

Après 2 heures à se faire brasser l'estomac, étirer les aducteurs et tanner la peau des fesses (ceux qui ont déjà essayé sauront de quoi nous parlons!), nous sommes arrivés dans les dunes ou nous allions passer la nuit. Nos accompagnateurs ont préparé le diner alors que nous, touristes contemplatifs émus, admirions le coucher de soleil qui se profilait à l'horizon. Le repas, constitué de riz accompagné de pommes de terres et d'une sauce aux lentilles, fut servi rapidement. Nous avons alors jasé de tout et de rien, refait le monde une fois de plus, puis arriva le temps d'aller se coucher. Nous avions à notre disposition d'épaisses couvertures de laine en guise de matelas ainsi que d'autres moins épaisses pour nous protéger du froid. Nous avons alors pris le nécessaire et nous sommes dirigés sur le haut d'une dune, nos seules lumières frontales pour nous éclairer dans cette nuit sans lune. Nous avons fait notre lit spartiate, et c'est sous une petite brise salutaire que nous nous sommes glissés dans nos sacs à viande. Nos frontales éteintes, nous étions seuls au monde, le ciel et son incroyable voie lactée au dessus de nos tetes en guise de plafond. Quel spectacle unique, immense et finalement tellement simple que de regarder le ciel de la sorte pour s'endormir. C'est donc au son d'un silence tout aussi bienfaiteur que réparateur que nous nous sommes endormis.

Ce matin, c'est avant le lever du soleil que j'ai ouvert les yeux. Une pale lueur laissait deviner ou ce dernier allait se leve. Ce fut alors un plaisir immense que de s'assoir sur le haut de cette dune en attendant que la représentation tant attendue ait lieu. Et quel étrange sentiment que de s'assoir le soir sur une dune à contempler un coucher de soleil, de nous coucher nous aussi, de nous réveiller et de nous assoir sur la meme dune mais dans le sens opposé pour voir réapparaitre ce meme soleil de l'autre coté de la Terre. Encore une fois, je tairai mes sentiments à ce moment là par crainte de manquer de superlatifs tellement ce fut beau.

Un déjeuner express avalé (il semblerait que nous avons pris trop de temps à regarder le lever du soleil et que l'heure du retour était arrivée!), nous sommes remontés sur nos paquebots du déserts, avec leur selle toujours aussi incomfortables pour de pauvres petits fessiers occidentaux. 2 heures plus tard, le 4x4 nous attendait et nous retrions sur Jaisalmer. Une fois à notre guesthouse, puisque nous allions passer une nuit de plus ici, on nous donna des chambres, ce qui nous permit de prendre une douche bienvenue pour éliminer les excès de sable! À midi, repas sur la terrasse de la guesthouse en compagnie des 3 français puis retour aux chambres pour rédaction ou sieste, c'est selon... En fin d'après-midi, promenade dans les rues de la vieille ville et de la forteresse, puis repas dans un restaurant dont la terrasse donnait directement sur la citadelle toute illuminée.

Lundi matin, déjeuner en compagnie de nos 3 acolytes. Slimane quittait pour Jodhpur avec le bus de 10h00. Marc et Sébastien pour Jaipur avec le train de 16h00. De notre bord, le temps filant, il nous fallait organiser notre départ de Jaisalmer. Nous avons donc demandé à la guesthouse de voir s'il serait possible d'avoir une place dans le train de 16h00 pour Jaipur. De là, nous prendrons un bus ou un autre train pour rejoindre Puhkar via Ajmer. On nous dit qu'il devrait etre plein mais qu'un train fait la meme liaison avec un départ à 22h30. À notre demande, il iront faire le réservations pour nous. Pendant ce temps-là, nous irons flaner en compagnie de Marc et Sébastien. Nous sommes donc retournés une fois de plus dans ce fort vivant et trépidant. De retour en début d'après-midi à la guesthouse pour y manger, on nous a annoncé (à notre grande satisfaction) que nous avions pu obtenir des places en classe « sleeper » (la meme que nous avions eue entre Mumbai et Abu-Road) dans le train de 16h00. Arrivée à Jaipur prévue à 4h55. Du matin! À 15h00, il était temps pour les 4 compagnons de voyage que nous étions de prendre un rickshaw pour la gare de train... d'ou nous commenceron notre prochain post!

@ +...

08-10-29 Jodhpur


Le chauffeur de rickshaw a bien essayé de nous déposer à la gare de bus privés (desquel il aurait eu une commission si nous avions requis leurs services!), mais nous avons insisté pour etre conduits aux bus gouvernementaux. Une fois rendus sur place, aussitôt acheté nos billets, il était déjà temps de monter dans cet autre autobus délabré. Après avoir bataillé en vain avec un couple d'indiens pour obtenir les places qu'on nous avait attribué (eh oui!), et alors que notre autobus semblait dangereusement délabré (dans les virages, on sentait comme un déplacement de la caisse sur l'essieu avant...), ce dernier autobus s'est finalement immobilisé dans ce qui devait servir de dépôt pour que l'on change de véhicule. Un fois la transition faite, il était temps de nous mettre en route pour vrai, avec 30 minutes de retard. En espérant juste que le chauffeurne ferait pas tout pour rattaper le temps perdu!

La route fut longue, cahotique parfois. Le plus dur fut la dernière centaine de kilomètres. En effet, arrivés à Pali dans un bus pas tout à fait rempli, la situation se corsa lorsque nous nous arretames dans cette ville. Il semblait que la villeau complet voulait embarquer pour rejoindre Jodhpur! Et dans ce bus pouvant contenir une trentaine de personnes, nous avons du nous retrouver à 50. Il faut savoir que ces bus n'ayant pas de soute à bagages, ceux-ci étaient également parmi les passagers. Nous avons donc fait le dernier tronçon avec nos gros sacs à dos sous les pieds (et donc les jambes en l'air) et nos daypacks sur les genoux. Il va sans dire que la promiscuité était telle que Sylvie était collée à la vitre, moi à elle et des passagers à moi. « Air Bétaillère » était battu!

Arrivés à Jodhpur en milieu d'après-midi (soit 7 heures de bus pour compléter les 300 km), il nous fallait prendre un rickshaw pour rejoindre le centre de la vieille ville ou nous désirions trouver une guesthouse. La première ciblée étant complète, nous avons été dirigés vers une autre tenue par une famille Jain. Ce ne fut pas long pour que nous obtenions une chambre et que nous y déposions nos affaires. Fin de journée tranquillement installés sur la terrasse, à jaser avec les personnes présentes, tout en admirant le soleil se couchant sur la ville bleue (appelée ainsi pour ses façades bleues initalement peintes de cette couleur en l'honneur de Krishna) et éclairant la forteresse qui tronait sur la montagne. Le soir, repas sur cette meme terrasse en compagnie de 2 français de Lyon, Marc et Sébastien.

Le lendemain matin, levés tranquillement puis visite de la forteresse et du « city palace » qui la constitue. Une autre oeuvre titanesque, avec ses façades en pierre délicatement ciselée, ses cours richement décorées et ses salles de réception colorées et mystiques, le tout surplombant la vieille ville, ses façades bleues, ses ruelles étroites et son bazar à perte de vue. En après-midi, petite incursion dans la vie d'une famille Jain en compagnie de la maitresse de maison, puis magasinage infructueux pour quelques étoffes et autres vetements locaux. C'est comme si nous n'avions pas le goût de magasiner (bien que bien des choses soient magnifiques). Peut-etre nos subconscient nous rappelle-t-i qu'il nous faudra porter nos achats sur notre dos? Retour à la guesthouse en soirée et couchés « pas trop tard » en prévision de notre bus de demain matin en direction de Jaisalmer. Départ du bus: 6h30!

À suivre...

08-10-5 Udaipur


Nous montons dans le train et trouvons rapidement nos banquettes. Un compartiment de 6 couchettes donnant sur un corridor le long duquel sont entassées d'autre couchettes. L'espace est rare et cher dans un pays si densément peuplé. En face de nous, 2 personnes agées. On range nos sacs sous la banquette du bas. Comme tout le monde, nous les attachons (finalement pratiques ces cables achetés avant de partir!). On attache tout. Les sacs. La tente (qu'on trimballe encore!). La bouteille d'eau. Meme les chausures. Le train est maintenant rempli. Il est 21h00 et il s'élance à l'heure. Il est électrique et très siencieux. Rien à voir avec les trains africains! Après quelques instants, des vendeurs, employés du train, commencent à circuler avec du thé, de l'eau, des samosas, etc. Puis passe un employé pour prendre les commandes de repas. Nous avion pris quelques affaires à grignoter avant de partir, mais mon estomac se lamente encore. La personne en face de moi fait office de traducteur. Ce sera un repas végétarien (pour des raisons sanitaires, les légumes cuits sont moins risqués que la viande). Le train file. Par la fenetre ouverte (pas d'air conditionné, évidemment!), on peut apercevoir la vie qui bat son plein. Nous traversons des dizaines de quartiers tous aussi animés les uns que les autres. C'est la fete de Diwali (fete des lumieres) qui a commencé. Partout les rues, les ruelles, les magasins sont éclairés de lumières semblables à celles que nous utilisons pour décorer nos maisons dans le temps des fetes. En plus fervent. C'est magique. voilà maintenant 1 heure que nous roulons lorsque pour la première fois nous ne voyons plus d'habitations le long de la voie ferrée. 1 heure de train pour quitter la ville. Du sud au nord, cela représente donc à peu près 1h20 à 1h30 de train pour traverser Mumbai. Qui a parlé d'une grande ville? Nous discutons avec nos voisins. Le monsieur est docteur depuis 40 ans. Il a sa clinique. Avec sa femme, ils partent pour une semaine de vacances dans leur village natal. Mon repas arrive. Sur un plateau, comme dans un avion, mais en beaucoup plus copieux. Et beaucoup plus épicé! Mais c'est l'Inde et il faudra s'y faire. 23h00. Nos voisins se mettent au lit et nous les imitons. Nous remontons le lit de Sylvie et nous prenons place, chacun sur notre couchette. La nuit est douce et rythmée par le bruit des dizaines de trains que nous croisons.

La lumière et le bruit me réveillent. Des gens qui parlent fort autour. Mais quelle heure peut-il bien etre? J'ouvre un oeil. Les voisins d'en face sont partis et une famille les a remplacés. Ils sont tous entassés sur la banquette. La femme a ses pieds (nus, évidemment) posés devant ma face, sur ma banquette. À mes pieds, 2 personnes sont également assises. Et tout ce joyeux monde parle allègrement de je ne sais quel sujet... mais parle. Fort. Je regarde ma montre. Il est 6h30! Je me retourne et essaie de me rendormir, en gesticulant afin de montrer que je suis là, bien vivant, et que j'aspire à pouvoir profiter encore quelques instants de ce tout petit espace qu'est ma couchette. Chose certaine, on nous a vendu des couchettes. Pas du temps d'utilisation!

7h15: levé un peu bougon (y'a des réveils plus sympas que d'autres!). Par pudeur, nous hésitons à manger notre paquet de biscuits. Mais tout le monde sortant de quoi déjeuner, nous avons fini par les imiter. Les gares se succèdent. Les paysages aussi. Des champs partout. De petites parcelles, toutes tirées au cordeau. Mais toutes cultivées. Je sors mon appareil photo pour immortaliser quelques instants. Ce fut là un moment de compréhension d'un incompréhnsible comportement des indiens. En effet, depuis notre arrivée, chaque fois que nous prenons des photos, il y a toujours des personnes qui se mettent en arrière de nous, plus ou moins discrètement, pour je ne sais quelle raison. Ce matin là, j'ai compris qu'ils sont fascinés par l'écran et la représentation instantanée de ce que l'on vient de photographier. Dans ce train, ce fut un pur plaisir de montrer au personnes, toutes ébahies, les photos que je prenais, et d'observer leurs réactions. Un bon moyen de socialiser! Finalement, la famille qui nous entourait n'avait rien de méchant et leur comportement n'avait rien de personnel. Juste des personnes comme les autres!

Avec 1 heure de retard (ce qui n'est finalement pas grand chose!), nous sommes arrivés à Abu Road. Nous avions le choix de la destination finale: Mount Abu à 1h30 de taxi collectif (sorte de jeeps indiennes) ou bien Udaipur à 180 km et 5 heure de bus. La lecture de notre guide nous a fait opter pour Udaipur (Mount-Abu, très fréquentée par les indiens, n'aurait été que pour 1 nuit, et nous sommes en pleines fetes de Diwali, ce qui rend les prix inabordables et les chambres disponibles plutot rares). À l'arrivée, l'éternel assaut par les chauffeurs de taxi. En leur disant que nous voulons aller sur Udaipur, ils nous proposent de nous y accompagner moyennant des tarifs prohibitifs, ce que nous refusons, bien évidemment. On veut y aller en bus. Il paraît cependant que le prochain est à 16h00, soit dans 5h30. Mais nous ne sommes pas à 5h30 près (!) et nous rendons à la gare de bus un peu plus loin. Là, on apprend qu'un bus part à 11h30, soit dans moins de 30 minutes. On prend! On grimpe alors dans ce qu'on appelle un bus en Inde (un tas de ferraille chez nous!). Pas de soute à bagages. On prend donc nos sacs avec nous. Ils vont voyager au milieu de l'allée centrale. Un petit tour pour ravitaillement et nous quittons. Ce furent alors 5 heures de conduite à l'indienne avec en prime une grosse chaleur heureusement sans conséquences pour nous (mais pas pour le bus!). Arrivés en fin d'après-midi à Udaipur puis Rickhaw jusqu'au centre de la vieille ville, sorte de Carcassonne à l'Indienne perchée sur un petit promontoir. Udaipur est une ville dans laquelle se trouvent de nombreux palaces de Maharajas (ici appelé Maharanas, voir plus bas), dont le principal trone sur les hauteurs, en plein centre de la vieille ville. Celui -ci est particulièrement connu pour ses « dépendances » dédiées aux invités (maintenant converties en un somptueux hotel 5 étoiles) construites sur le lac et ou on a tourné une bonne partie d'Otopussy, un épisode de james Bond avec Roger Moore.

Notre chauffeur nous ayant bien évidemment déposé ailleurs que là ou nous lui avions demandé (devant l'hotel duquel il reçoit un commission!), nous avons rejoint l'établissement que nous avions ciblé (la porte en face!). Une chambre au 3e étage a fait l'affaire. Et en y arrivant, ce fut un « WOW », avec la vue directe sur les montagne qui entourent la ville et surtout sur le lac et son blanc palace. Sur le toit, le plus haut de la ville, nous avons donc pris un verre en admirant le coucher du soleil sur ce panorama qui est pour moi un des plus beaux (pour le pas dire LE plus beau) rencontré à ce jour. Féérique. Magique. Somptueux. Éblouissant. Les qualificatifs me manqueraient si je devais le décrire. C'est pourquoi les photos vous permettront de mieux comprendre un sentiment que je serais dans l'incapacité de vous transmettre adéquatement. Le soir venu, repas sur la terrasse pendant que la ville s'illuminait. Et puisque la ville a été immortalisée (et en est très fière) par son apparition dans les aventures du plus célèbre des agents serets, c'est avec une projection d'Octopussy que nous avons pris notre repas!

Dimanche étant un jour de repos, nous nous sommes exaucés afin que ma douce reprenne des forces à la suite d'une petite faiblesse due à l'excès de surmenage, d'épices, de transport (et de chamboulements), de chaleur et de fatigue. J'en ai donc également profité pour rédiger quelques posts. Au programme ce soir: spectacle de marionnettes. Demain visite de palais des maranhas dignes des mille et une nuits et promenade dans les étroites rues de Udaipur.

Lundi matin, réveil aux aurores pour moi. Une question me trotte dans la tete: me rendormir ou aller sur le toit voir le lever de soleil. Après moultes hésitations, je me décide finalement à m'habiller et à aller admirer les couleurs matinales uniques. Je ne fus pas déçu du spectacle. Un soleil rouge ocre apparu en arrière des montagnes et s'éleva tranquillement dans les airs, comme pour ne pas brusquer la vie. Au fur et à mesure qu'il s'élevait, les batiments de la ville s'illuminaient et leurs couleurs se mettaient à briller. Les façades de platre peintes en jaune ou en bleu. Le murs de brique rouge. Les maisons blanchies à la chaux. Les rideaux bourgognes. Quel spectacle!

Sylvie se reposant, ce fut pour moi l'occasion de commencer la rédaction de nos observations sur l'Afrique. Quel plus bel enroit que cette terrasse dominant la ville qui se réveille pour sortir son ordinateur et pitonner. Il y a des moments ou le temps s'estompe au profit d'un plaisir indicible. C'était un de ces moments-là.

Plus tard, ma douce vint me rejoindre. Après un petit déjeuner sur ce toit du monde à nous, nous sommes allés chez un bouquiniste tout proche qui faisait de l'échange de livres. Il nous reprit donc notre « lonely planet » de l'Afrique en échange d'un autre livre, moins gros et surtout moins lourd, qui plus est en français. De là, nous sommes partis visiter le « City palace », palace des maranhas de Udaipur. Les Maranahas s'appellent ainsi car Udaipur est la seule ville du Rajasthan (région administrative la plus riche de l'Inde située à l'ouest du pays, à la frontière du Pakistan) qui n'ait jamais été occupée ni par les Moghols, ni par les arabes, résistant à chacun de leurs assauts en leur menant une guerre sans pitié et en scellant quelques judicieux pactes de non-agression. C'est pourquoi, alors que partout ailleurs le titre que l'on donne aux souverains règnant sur un territoire est celui de Maradjha, à Udaipur, ce sont des Maranhas, dont le titre est suprieur à celui de Maradjha. Nous sommes donc allés visiter ce palace merveilleux digne d'un décor de cinéma. Nous avons cependant pris un guide pour visiter les 250 mètres de long, 80 de large et 30 de haut de ce batiment hors normes. Des cours intérieures à profusion. Des pièces en nombre incalculable. Les quartiers du Maranha. Les quartiers des hommes. Les quartiers des femmes. Les quartiers des invités. Les quartiers de la famille. Des salles décorées de miroirs, de peintures murales somptueuses, des inserts de faience habillant les surfaces de sol, des mosaiques reproduisant des scènes, des couleurs chatoyantes partout, du mobilier en argent massif. Wow... on s'y voit presque! Il faut également savoir qu'en 1947, lors du départ des anglais et de l'indépendance de l'Inde, les pouvoirs officiels des Maradjhas et Maranhas ont été abolis. Mais ils ont tout de meme pu demeurrer en place. Par conséquent, le Maranha d'Udaipur, agé aujourd'hui d'un soixantaine d'année, vit toujours partiellement dans une partie du palace (inaccessible aux visiteurs), en alternance entre Londres, Mumbai et Udaipur. Deux autres parties du palace ont été converties en hotels de luxe que l'on verra plus tard. À la fin de la visite, nous avons donc quitté notre guide et sommes allés nous promener du coté de l'un des hotels ou nous avions accès pour visiter. Évidemment, la terrasse du restaurant surplombant le lac et les palaces qui occupent les iles s'y trouvant a tout de plus invitant pour y voir le coucher de soleil dans les meilleures conditions qui soient. Nous avons ensuite pénétré dans l'un de ces palaces pour en admirer la salle à manger, immense, gigantesque meme, éclairée de ses nombreux lustres fait du cristal le plus fin (le plus grand lustre pèse plus d'une tonne!), sa galerie de portaits des maranhas d'Udaipur, sa collection d'armes... Nous sommes alors sortis du palace le temps d'aller manger, et avant la tombée du jour, nous y sommes revenus pour prendre un bateau et aller nous promener sur le lac. On nous arreta sur l'une des 2 iles ou se trouve le palace de Jagmandir. Alors que le soleil embrasait une fois de plus les paysages à la sauce « carte postale », une myriade d'employés en habit s'affairaient à préparer une réception somptueuse dans la grandiose cour principale. Non pas pour 200 personnes. Juste une trentaine. 2 grandes tables dressées au cordeau. Un chef de parties qui calculait et millimétrait la position de chaque chaise, de chaque verre, de chaque couvert. Le long du tapis rouge, d'autres employés déployaient à terre des cordes de fleurs fraiches oranges qu'ils remplissaient de pétales de fleurs roses et blancs. En avant du palace, face au lac, 8 immenses éléphants grandeur nature, drapés d'étoffes mauves, semblaient garder l'entrée. 8 employés, tout de rouge vetus, allèrent se poster sur leur dos, tels des dresseurs, pour souhaiter la bienvenue aux convives. Partout, parterre, sur les tables, le long des allées, dans des photophores, on allumait des bougies et lampions qui donnaient aux lieux une impression toute aussi luxueuse que mystique. Quel faste... Pendant ce temps, le soleil achevait de se cacher en arrière des montagnes. Et n'étant pas au nombre des invités, il était temps pour nous de reprendre notre bateau pour regagner la terre ferme.

Sur notre chemin de retour, nous décidons d'aller visiter le 2e hotel habitant le « city palace ». Un accueil courtois nous fut offert, malgré notre acccoutrement de voyageurs agrémenté de notre sac à dos. On nous fit alors entrer dans un endroit magiue. Une immense cour intérieure au centre de laquelle tronait fièrement une piscine d'un bleu translucide. Autour, des tables en fer forgé et des chaises munies de confortables coussins. Un immense arbre tronait fièrement de chaque coté de la cour. Le batiment: un palais des mille et une nuits au teintes jaunatres savamment éclairé pour mettre en valeur le détail de son architecture, de ses ballustrades, de sa fenestration. Du personnel s'activait pour allumer des dizaines de lampions. D'autres employés pénétraient dans les luxueuses suites pour y changer les serviettes de bain et certainement faire le « evening turn-over » (ouverture des lits pour les invités en glissant peut-etre quelques fins chocolats sur l'oreiller...). Nous nous sommes alors installés confortablement à une table afin de prendre l'apéritif et ainsi profiter un peu plus longuement de ce décor magique. Et nous étions seuls. Nous avions la place juste pour nous. Un joueur de cythare et un de tabla (sorte de tam-tam) arrivèrent et se mirent à jouer. Quel moment romatique à souhait. Disons que ces moments sont toujours les bienvenus lorsque, sur un long périple comme le notre, on sait les moments peu agréables que l'on peut également vivre. Ce n'est qu'un juste équilibre des choses. Alors nous avons savouré ce moment comme il se doit. Tranquillement. Lentement. Et avec beaucoup d'humilité. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'on peut prendre un verre assis dans la chaise ou Roger Moore a pris place quelques 32 ans auparavant! :)
Et après quelques heures passées si paisiblement, avant que minuit n'arrive (avec la peur de nous transformer en grenouilles!), il était temps pour nous de quitter ce monde des riches et célèbres pour celui des backpackers que nous sommes. Pas tristes du tout de notre sort. Au contraire. Ravis de retrouver notre réalité! Après un repas des plus simples, il fut temps pour nous d'aller nous coucher.
Mardi, autre journée tranquille. Tout d'abord, levés tard, puis déjeuner sur le toit. En fin de matinée, nous sommes retournés chez le bouquniste de la veille qui offrait également des connexions Internet. Nous avons passé là quelques heures afin de faire des appels téléphoniques (vive Skype!) et faire quelques recherches en vue de la poursuite de notre voyage. Le commerce étant une faculté qui semble etre innée chez les indiens, nous en avons profité pour demander a propriétaire (qui nous avait échangé notre livre la veille) s'il connaissait quelqu'un qui serait intéressé par une paire de jumelles et une tente (achetées en Afrique mais qui ne nous étaient plus d'aucune utilité désormais). Et après quelques coups de téléphone et quelques propositions auprès des voisins, nous avons fini par nous séparer du tout à un prix très acceptable. Nous avons donc revendu notre bien immobilier acquis en cours de route, sans regrets, en nous disant qu'on rachèterait plus tard si nécassaire. Entre temps, cela fera quelques kilos en moins et un peu de place en plus!

Argent en poche, la suite de la journée fut consacrée au magasinage (notre première fois en 2 mois 1/2!) qui ne fut cependant pas très fructueux. Nous sommes également sortis de la vieille ville pour aller voir la partie plus récente ou se tenait le gros des activités pour Diwali. Mais le monde n'arrivait pas avant 22h00, et nous n'avions pas le courage d'attendre jusque là pour nous retrouver « saucissonnés » dans cette marée humaine.

Pendant ce temps là, partout en ville (et en Inde), la ferveur des indiens fetant « Diwali », la fete des lumières, atteignait son paroxysme. En effet, après 4 jours de fete, c'était aujourd'hui LA journée. Cependant, la fete des lumières pourrait etre rebaptisée la fete des sons et lumières, car la pratique est non seulement d'éclairer les maisons de mille lumières et lampions, mais égalment de faire peter des quantités astronomiques de pétards et de lancer tout autant de fusées et autres feux d'artifice. Par conséquent, en milieu de journée, la ville devint un paradis d'un bruit infernal dans lequel le claquement des petards se melait au sifflement des fusées qui décollaient. Et n'étant à vrai dire pas très à l'aise avec l'anarchie qui régnait alors (des pétards ressemblant plus à des batons de dynamite détonnant parfois un peu trop proche des gens à mon gout), nous nous sommes dirigés vers notre toit du monde (i.e. le toit de notre hotel!) pour admirer la folie de Diwali. De là, surplombant la vieille ville à 360 degrés, nous avons mangé devant la nuit qui scintillait à perte de vue. Les palaces tirèrent leurs feux d'artifice, juste en avant de nous. Sur tous les toits-terrasses, les familles s'étaient réunies pour participer elles aussi en allumant les mèches de tout ce qui peut fuser, peter, exploser, détonner... Ce sont des dizaines de milliers de fusées et plusieurs millions de pétards qui partirent en fumée. Cela dura toute la nuit. À 4h du matin, les chants des processions religieuses s'ajouta au d'un arsenal vacarme ambiant. Puis à 5 heures, ce fut le tour des minarets. Il va sans dire que la nuit fut pauvre en sommeil! À 6h00, heure de notre réveil, le rythme des explosions avait ralenti, mais des dizaines de personnes semblaient bénéficier d'un arsenal infini et continuaient le vacarme. Après un rapide café, nous sommes descendus prendre un rickshaw pour la gare de bus (nous quittions pour Jodhpur, 300 km plus au nord). Le sol était jonché des résidus de la folle nuit passé. La ville toute entière portait les stigmates de cette célébration populaire.
À suivre...