samedi 27 mars 2010

2010-03-19 de Puerto Barrios a Montréal

La lancha ne mit finalement que 20 minutes a longer la cote jusqu'à Puerto Barrios. On doit l'essor de ce port de commerce a une multinationale qui, dans les années 60, produisait ici 80% de la production mondiale de bananes. Elle y avait donc développé les infrastructures nécessaires à un tel volume d'exportation. Depuis, le port s'est grandement développé du fait de sa situation géographique privilégiée pour échanger avec le vieux continent et l'Afrique. Mais la ville demeure glauque et sans âme. On ne reste pas à Puerto Barrios. On y transite. Les rues sont peu engageantes et poussiéreuses.

Nous avons posé nos sacs dans une chambre ''calme'' et avons été acheter nos billets de bus a la gare routière, face au marché. Nous avons eu les sièges 1 et 2 : super, nous serons aux premières loges pour pouvoir au moins profiter du paysage ! Dans les rues autour du marché tout proche, l'apparente désorganisation générale était impressionnante. Il régnait un air de ''joyeux bordel'' (sans aucune connotation de quelconque prostitution). Puisqu'ils n'y avait rien à faire pour les touristes que nous sommes, nous sommes retournés à la chambre. Sylvie a terminé son livre acheté en Thaïlande (un vrai livre de voyage!) pendant que je faisais une sieste. ''Une chambre calme'' nous disait le tenancier. Il devait être dur d'oreille le monsieur. Car en face de notre chambre se trouvait un garage qui retapait des autos accidentées et la rue d'après, c'était le port de commerce avec son ballet incessant de camions transportant des conteneurs. Il y avait aussi le gars qui réparait l’alarme de son auto et qui sonnait sans cesse. Sans compter les coqs qui rivalisaient de prouesses vocales. Voilà pour les oreilles. Pour le reste du corps, il y avait les fourmis et autres puces de lit qui se chargèrent de me faire les jambes... Une véritable animalerie!

En soirée, alors que le soleil basculait sur l’horizon qui se trouvait caché en arrière d’une montagne de conteneurs de bananes, nous sommes retournés près du marché pour manger. Les commerçants pliaient boutique. Du moins ce qui leur servait de boutique, à savoir une planche, des tréteaux et quelques bâches de plastique. Nous nous sommes assis à une terrasse pour savourer une limonade. À regarder la vie qui s’étalait sur le trottoir. À contempler ces travailleurs et ces travailleuses qui rentraient chez eux après une longue journée de labeur. Mais aussi à émettre un premier bilan sur ces 2 semaines qui s’achevaient. Tranquillement. Inexorablement. Vers 21h00, nous avons regagné notre chambre en longeant la cour de conteneurs. Les camions n’avaient pas encore cessé leur ballet. Leurs phares traçaient des éclairs dans la lourde poussière. Un vraie zone industrielle cette ville !

Le lendemain matin, nous avons rejoint la station de bus pour 7h00. Un superbe autobus à 2 étages se présenta. Au moins, notre retour commencerait dans le confort. En attendant le départ, nous avons pris un café en filmant la vie qui reprenait son cours. Après une courte nuit de répit.

Le trajet fut effectivement des plus confortables. Les 5 heures sont passées plutôt rapidement. La route était variée. Nous avons quitté la région dense et humide de la côte Est pour monter lentement sur l’altiplano, à plus de 1000 mètres d’altitude. Lentement, la végétation s’est éclaircie et l’herbe s’est mise à jaunir pour finalement disparaître et laisser place à une terre aride. Parfois la route montait en lacet pour passer un col puis redescendait dans la vallée suivante. J’ai toujours beaucoup aimé regarder les routes de tous les pays. Celle-ci, dans sa transition de l’humide vers l’aride, n’est pas sans rappeler la route de Cape Town (Afrique du sud) vers Windhoek (Namibie). Nous étions partis du bord de l’Atlantique où régnait une végétation relativement luxuriante, puis nous avions longé la fertile vallée de Ceres (d’où proviennent les jus de fruits du même nom) entourée de sommets enneigés. À notre arrivée au petit matin, nous étions à la limite du désert du Kalahari, l’un des plus secs au Monde. Une sorte de ‘’road trip’’ climatique en quelques sortes !

A Ciudad Guatemala, nous avons tout de suite sauté dans un taxi pour rejoindre l’aéroport. Notre vol décollait dans 3 heures mais nous voulions éviter à tout prix les denses bouchons de circulation de fin d’après-midi. Après avoir avalé un sandwich de chez ‘’Subway’’, nous décollions pour Mexico où nous devions passer la nuit.

Après 1h30 de vol, nous étions en vue de la ‘’ville cuvette’’ (à cause de sa situation géographique entourée de volcans). La vue était absolument fabuleuse. Le ciel était particulièrement dégagé. Les volcans enneigés se dressaient en avant de nous. Le soleil descendait sur l’horizon non sans enflammer le ciel. La nature nous offrait ce spectacle comme pour nous faire oublier que nous étions sur notre chemin du retour. En tout cas, ce fut fort apprécié.

Le passage de l’immigration et des douanes complété, nous avons été prendre un taxi pour rejoindre notre hôtel. Puisque nous avions une nuit à passer à Mexico, il avait fallu faire un choix entre un hôtel d’aéroport, pratique mais fort chers et sans âme, et un hôtel en centre ville, qui nous demanderait de nous lever plus tôt mais qui nous permettrait peut-être de voir un petit bout de cette ville mystérieuse. M’étant chargé de la réservation, j’avais mit beaucoup de temps à me décider. Après avoir fouiné sur Internet, j’avais finalement trouvé un compromis tout à fait honorable. J’avais dit à Sylvie avoir trouvé une petite ‘’posada’’ (maison de chambres) apparemment confortable. Je lui disais espérer que nous ayons de l’eau chaude pour bien terminer ce voyage. Elle n’avait aucune idée d’où nous allions. Au chauffeur de taxi, j’indiquais l’adresse : ‘’70, avenida Juarez, Reforma’’. Après 30 minutes pour rejoindre le centre ville, nous sommes arrivés à la porte de notre ‘’posada’’. En guise de ‘’posada’’, nous allions passer la nuit au Hilton Reforma de Mexico. Sylvie, qui rêvait de se laver les cheveux et de prendre une bonne douche, me confirma que nous devrions en effet avoir de l’eau chaude !

Le bagagiste prit nos sacs à dos sur son beau chariot doré. Dans le hall, une nuée d’agents de sécurité munis d’oreillettes étaient réunis et semblaient ‘’sur le pied de guerre’’, comme si quelque chose se préparait. Au comptoir, on nous salua avec courtoisie mais avec un œil un peu… curieux. En effet, ce n’est pas tous les jours qu’ils doivent avoir des ‘’backpackers’’ qui débarquent. Qui plus est, nous nous étions levés tôt, avions fait plus de 5 heures de bus, 1 heure de taxi et près de 2 heures de vol. Je ne m’étais pas rasé depuis 2 semaines et nous étions habillés plus en explorateurs qu’en citadins ! Mais le service fut excellent. On nous monta nos bagages dans notre chambre située au 20e étage. Il y avait là plus d’espace que les 2 chambres de la maison réunies et la vue sur la ville était spectaculaire.

Après nous être changés, nous sommes ressortis pour aller profiter des environs. En avant de l’hôtel, des dizaines de personnes arrivaient, toutes vêtues de leurs plus beaux habits. Les hommes en costume, les femmes en tenue de soirée. La moyenne d’âge étant assez jeune, nous avons pensé à un bal de graduation (fête de fin d’études) d’une grande école.

Aussitôt avions nous mis les pieds dehors que nous étions surpris par les environs. Un grand parc faisait face à l’hôtel. Des dizaines de vendeurs en tous genres y vendaient toutes sortes de choses aux milliers de personnes qui s’y trouvaient. Au loin, une fanfare jouait de la musique. Nous avons pris vers la droite et longé l’avenue qui se rétrécit pour devenir une petite rue fort sympathique. Partout, du monde, du monde et encore du monde (nous étions samedi soir). Les façades des maisons centenaires étaient recouvertes de céramiques multicolores, style très espagnol, très mauresque. Nous étions en plein centre du vieux Mexico. Des églises somptueuses. Des vieilles pierres. Des groupes de musique. Des terrasses bondées. Une ambiance vibrante. Cela nous a conquis pour revenir passer quelques jours pour visiter cette ville fort attachante en aussi peu de temps.

Après nous être arrêtés pour manger, nous avons pris le chemin du retour. La densité de personnes ‘’endimanchées’’ augmentait au fur et à mesure que nous approchions de l’hôtel. Certaines filles étaient ainsi vêtues qu’il ne serait pas étonnant qu’elles aient attrapé une pneumonie ce soir là !

Et lorsque nous avons enfin eu notre hôtel en vue, il était clair que quelque chose s’y passait. Des centaines de personnes étaient amassées en avant des portes. Toutes mieux habillées les unes que les autres. Nombre d’entre elles brandissaient dans les airs une enveloppe mauve qui semblait être une invitation. En avant des portes vitrées, des ‘’armoires à glace’’ retenaient la foule. On comprenait maintenant pourquoi les agents de sécurité étaient en pleine planification lorsque nous sommes arrivés ! Chose certaine, la soirée qui se tenait à l’hôtel devait être LA soirée en ville ce soir là. Ne pouvant accéder aux portes, j’ai alors levé la carte de ma chambre d’hôtel dans les airs et me suis écrié que nous avions une chambre ici. Le monstre d’agent de sécurité qui était à plusieurs mètres devant avoir une ouïe de félin, il nous a jeté un regard, a vu la carte d’hôtel dans les airs et a aussitôt étendu ses grands bras dans la foule pour écarter les gens en avant de lui. Les regards se sont tournés et tel des automobilistes qui se gareraient pour laisser passer une ambulance, la foule s’est fendue pour que nous puissions nous frayer un passage. Quel service à la clientèle, n’est-ce pas ? Je dois avouer que je n’ai pu m’empêcher d’imaginer que c’est ce que doivent vivre bien des célébrités au quotidien : la foule dense, impénétrable, et un garde du corps qui les voit et ouvre une brèche pour qu’elles puissent ‘’bypasser’’ tout le monde. Nous, on voulait juste aller se coucher !

Après avoir retrouvé les joies d’une douche chaude (2 semaines à l’eau froide, c’était suffisant), nous avons pu passer une nuit dans le luxe d’un lit de Hilton, sans réveil au son du coq, sans puces de lit, sans avoir ni trop chaud ni trop froid. À 4 heures, le réveil sonnait. Nous avons pris un café dans notre chambre avant de nous mettre en route. Le taxi de l’hôtel ne mit que 15 minutes pour nous conduire jusqu’à l’aéroport. La suite fut aussi facile qu’à l’habitude. À 7h05, la passerelle se détachait du fuselage de notre A319. Nos prochains pas se feraient en terres canadiennes, après 5 heures de vol.

Voilà qui conclut notre petite expédition guatémaltèque. 2 semaines de plaisir des yeux, de plaisir du cœur. De plaisirs de la vie à la découverte d’une culture riche et accueillante. Nous avons découvert au Guatemala un peuple chaleureux et curieux qui n’hésite pas à vous poser des questions et à vous souhaiter la bienvenue dans leur pays dès que vous pouvez parler quelques mots d’espagnol. Il est très réconfortant pour nous de voir dans le regard des personnes que nous rencontrons du plaisir à nous accueillir sans nous prendre pour des ‘’walking ATM’’ (guichets ambulants). Nous avons aimé ce voyage comme nous aimons tous nos voyages. Nous avons grandi. Une fois de plus. Et espérons ne pas avoir laissé une empreinte négative trop profonde dans ce pays encore relativement préservé du tourisme de masse. Il n’en tient qu’à chacun de nous de faire en sorte que l’original demeure au bénéfice d’un tourisme plus vrai, plus humain, plus responsable.

Au plaisir de lire vos commentaires et de vous retrouver bientôt pour une autre aventure.

Marius et Sylvie…

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